MESSALI HADJ A NIORT
Messali Had assigné à résidence de 1952 à 1954, un événement à Niort
La présence du proscrit à Niort pendant trente mois a marqué les esprits. En effet, Messali
qui avait choisi de sortir habillé de sa djellaba et coiffé de son fès effectuait une promenade
quotidienne , suivi plus ou moins discrètement d’un ou deux inspecteurs chargés de le
surveiller. Les Niortais nés avant 1950 (et il en reste encore pas mal) se souviennent de sa
silhouette imposante.
Il entretenait des relations régulières avec les sympathisants locaux de la cause
indépendantiste : militants syndicaux et politiques, organisations diverses, dont la Libre
Pensée. Il recevait des délégations de travailleurs algériens venus de toute la France par cars
entiers qui, après l’avoir salué déposaient des pétitions demandant sa libération à la
préfecture.
Son exil ne facilitait pas son rôle de leader et son séjour à Niort a été marqué par une grave
crise au sein du parti indépendantiste qui a abouti à une scission et plus tard à la création du
FLN.
Tout au long de la guerre d’indépendance les deux tendances s’affrontèrent dans des luttes
fratricides sanglantes jetant souvent le trouble et le désarroi parmi les militants. Messali et
son parti furent accusés de trahison. Le FLN finit par l’emporter.
Depuis, les historiens comme Benjamin Stora et Mohamed Harbi ont fait parler les archives
et réhabilité Messali Hadj. Sa fille, Djanina, qui l’a accompagné depuis la résidence surveillée
à Niort puis dans les lieux de détention successifs a publié en 2012 un ouvrage allant dans le
même sens (« Une vie partagée avec Messali Hadj, mon père »).
Pour la Libre Pensée, il ne s’agit pas de prendre parti pour l’un ou l’autre camp mais de
dénoncer les falsifications de l’histoire.
La présence de Madame Messali Benkelfat à notre conférence illustre l’importance que
nous souhaitons donner à cet événement. Dans le courrier qu’elle nous a adressé, elle
souligne que les nationalistes algériens et les progressistes français partagent une mémoire
collective et qu’ils doivent rétablir la vérité historique.
De son côté, Mathias Enard déclare dans le magazine littéraire de février 2016 :
« L’histoire s’écrit pour aujourd’hui. Un bon moyen de lutter contre la repentance un peu
idiote et le ressentiment de l’ex- colonisé, ce serait justement de remettre les choses à plat.
En disant que trois générations plus tard on peut réécrire l’histoire des deux côtés tout en la
replaçant dans les espaces européens, méditerranéen et eurasien. Le vrai projet qui ne relève
ni de la nostalgie ni de la mélancolie consiste à utiliser le passé pour présenter une histoire
connectée qui donne à chacun sa place. ».