Chèvres sur la Brèche : rencontre insolite du temps passé
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La Voiture aux chèvres sur la Brèche
La première "Voiture aux chèvres" fait son apparition sur la place de la Brèche en mai 1883.
- Cette élégante voiture est appelée "Victoria", elle est traînée par deux belles chèvres souvent noires.
- Leur utilité est de transporter de très jeunes enfants contre un petit billet pour l'occupation.
- Le circuit de voyage se résume à parcourir les allées de la Brèche, notamment les jours de foires.
- On s’offusque parfois par le spectacle de 4 enfants d’au moins 10 ans remplissant la voiture.
- Certains vont jusqu’à évoquer l’application de la loi Grammont (1) afin d’empêcher à de faibles animaux de porter de telles charges.
- Cette tradition de "La Voiture aux chèvres" sur la Brèche a perduré au moins une vingtaine d’années comme l’attestent les dates relevées sur des cartes postales.
- Les deux clichés des cartes postales de la "Collection Galeries Parisiennes" qui composent cette image (Voir photo) furent pris le même jour.
- On peut en effet y retrouver les figurants identiques, fiers de se mettre en scène.
Le décor des images est assuré par les statues, nombreuses à cette époque dans les allées de la Brèche :
- -Sur la partie haute de l’image, en arrière plan, on découvre la statue "la Somnolence" (2).
- -Sur la partie basse de l’image, en arrière plan, on découvre la statue de "l’Appolon du Belvédère" (3).
- (1) En 1850, le général Grammont, ému par le sort des chevaux de guerre, propose une loi punissant toutes les formes de cruauté envers les animaux...
- (2) "Somnolence" par Etienne Frédéric Leroux, marbre, 1868-1870. Dépôt de l’État au Musée des Beaux-Arts de Niort en 1881 en gestion par le Musée d’Orsay.
- (3) "L'Apollon du Belvédère" d'après l'antique, Bronze, 17e siècle, par Hubert le Sueur (1580-1658).
Poème
- La voiture aux chèvres
- « Petite mère, oh ! tu serais mignonne,
- Si tu voulais me donner un gros sou,
- -Disait Bébé, les bras autour du cou
- De sa maman –tiens, demande à ma bonne
- Si je n'ai pas été sage aujourd'hui ;
- Très sage, va, crois-moi. Cela, je pense,
- Mérite bien deux sous de récompense ...
- Plus vite... on part : c'est Edmond qui conduit
- Et maman cède à sa voix suppliante.
- -Pour l’émouvoir il n'en fallait pas tant !
- Bébé s'en va, car la voiture attend
- Son voyageur à la mine riante.
- C'est un bijou tout petit, tout mignon,
- Cette voiture ! - On dirait qu’une fée
- L'a de ses mains décorée, attifée,
- Pour la donner à quelque Cendrillon.
- Comme attelage, une couple de chèvres
- -Aux grands jours, trois noires sur tout le corps,
- Coursiers de sang, au pied vif, aux reins forts
- À défier les mulets des Deux-Sèvres .
- Il faut les voir, de leur trot gracieux,
- Vingt fois autour des bassins de la Brèche,
- Gaillardement emporter la calèche
- Pleine d'enfants et de rires joyeux !
- Écharpe bleue auprès des rubans roses,
- Rouge toquet voisin du chapeau blanc,
- Tout est mêlé, fouillis étincelant,
- Sous le soleil qui fait fleurir les roses.
- Et ces Bébés-comme un nid de pinsons,
- S'en vont riant, criant, jasant ensemble,
- Amis d'un jour que le hasard rassemble
- Et qui pourtant savent mêmes chansons
- Chantez, riez, enfants à tête blonde,
- Amusez-vous, car le voyage est court.
- D’autres, là-bas, attendent le retour
- Pour commencer cette joyeuse ronde.
- Le char brillant qui vous emporte ainsi
- Par les sentiers fleuris, c'est la jeunesse.
- Le temps hélas ! l'entraine avec vitesse...
- Trop tôt, enfants, vous le saurez aussi. »
Sources
- Mémorial des Deux-Sèvres 1883
- La voiture aux chèvres : poème de Jean Philippe (1855-1932).
- -Recueil de poésies édité en 1891, titre : « LES PETITS ».
- Merci à Didier Fortin pour de nous avoir communiqué ce poème sur "La Voiture aux chèvres".
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- Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.