MAROT, histoire de l’Usine, Rue d’Antes
Sommaire
Création de l’usine Marot
- Cette usine fut construit à l'emplacement de la métairie d'Antes qui fut vendue le 15 juin 1851. (Voir photo 19)
- La construction de cette usine date donc de la 2eme partie du XIXe siècle.
- En juin 1860, au concours général d’agriculture de Paris, le trieur exposé par Jules Marot a obtenu le premier prix.
- Ce trieur est très ingénieux et sépare complètement l’orge, l’avoine et le seigle du froment, il se vend 250 fr.
- La machine a égrener le trèfle, exposée a ce même concours a aussi obtenu le premier prix, il se vend 500 fr.
C’est Jules Marot qui fait breveter, le 25 octobre 1865, (N° 38 441) un trieur à alvéoles, double cylindre, pour séparer le blé en deux parties.
- Jules était d’abord marchand quincaillier, ainsi que son frère Hilaire.
- En juin 1882, Jules Marot obtient la grande médaille d’or au cocours agricole d’Albi pour son nouveau trieur à nettoyer la graine de trèfle.
- Jules et son frère Hilaire s'associe pour créer cette usine, rue d'Antes, appelée (Société Marot frères).
- En janvier 1902, l'entreprise est cédée à Émile Marot, fils de Jules Marot.
- Émile Marot est né le 19 septembre 1857 à Niort et décédé le 10 avril 1952 à Niort.
- Il est le fils de Jules Marot et de Elisabeth Pellerin qui résident alors, rue Basse, à Niort.
- Après des études au lycée Fontanes, Émile Marot obtient le diplôme d’ingénieur à Poitiers.
- Émile Marot fut le principal collaborateur de son père avec son frère René, il fait breveter plusieurs inventions :
- -l’ensachage automatique des grains,
- -le trieur à quadruple effets : ventilation, émottage, criblage, triage,
- -la turbine à air permettant le triage et la sélection par différence de densité,
- -le cheminement des grains par conduits hélicoïdaux extra cylindriques, etc...
- Émile Marot créa une usine moderne, rue d’Antes, près de la source du Vivier.
La maison Marot acquiert une réputation nationale.
- En 1889, elle participe à l’Exposition universelle en exposant ses trieurs. (Ph 18)
- Cette usine fut équipée d’outillage perfectionné pour la fabrication en série et pour une production intensive.
- L’organisation commerciale fut aiguillée sur l’exportation.
- À partir du 27 janvier 1902, Émile Marot dirige seul l’usine.
- En 1921, M. Laproste est directeur de l'usine.
- L’usine fabrique en 1830 plus de 120 000 trieurs...
- Les trieurs pouvaient être utilisés pour les céréales, le légumineuses, les haricots, le colza, le lin, la moutarde, pommes de terre.
- Mais aussi pour des produits plus exotiques : riz, cacao, arachides, poivre etc...
- Son usine est divisée en différent ateliers :
- - Ajustage,
- - Tôlerie,
- - Fonderie,
- - Menuiserie,
- - Montage,
- - Emballage…
- Émile Marot est secondé dans la direction de son usine par ses deux gendres : M. Émile Taudière et Georges Rondeau.
- Les Marot disposent aussi d’une usine en Italie.
- Le 30 décembre 1935, Émile Marot cède à ses deux enfants Jean-Pierre-Marie et Jean-Émile-Marie, étudiants, demeurant au 18, rue Yver à Niort, 50 parts de l’Usine d’Antes.
- L’usine a employé à son époque florissante plus de 200 personnes.
À la même époque, l'usine de Trieurs Marot avait un concurrent important à Niort : les Trieurs à grains Clert-Biscara.
Anecdotes de 1970
- En septembre 1970, Maxime Grolleau et son épouse, concierges de l’usine depuis 1933, prennent leur retraite.
- Maurice Tauran, tourneur depuis 47 ans (1923), obtient la Médaille d’or du travail des mains de Jean Marot, directeur de l’usine en 1970.
Émile Marot : Homme Politique
D’abord conseiller municipal en 1892, il devient maire de Niort pour la première fois en 1904 à 1908.
- Il redevient maire de Niort de 1919 à 1925.
- Il est élu conseiller général de 1907 à 1927.
- Il est aussi élu député en 1919.
- Très impliqué dans la vie économique de Niort, il est partie prenante dans les créations :
- - de la Chambre de Commerce, qu’il présidera jusqu’en 1937,
- - du Syndicat intercommunal électricité des Deux-Sèvres (SIEDS),
- - de la Banque Populaire,
- - de la gare de triage,
- - du syndicat d’initiative,
- - il met en place " les fourneaux économiques " (1) rue Brisson destinés à donner des repas gratuits aux pauvres… (Ph 15).
- Émile Marot est élevé à la dignité de commandeur de la Légion d’honneur, le 8 mars 1930, par le Ministre du Commerce.
- (1) L’œuvre des Fourneaux Économiques fut fondée en 1896, sous le patronage de la Loge : " Les amis de l’Ordre ".
L’usine pendant la guerre 14/18
L’usine fut réquisitionnée pour produire des obus et aussi pour équiper d’étriers les Hussards, comme ceux de la caserne de Niort. (Ph 13).
- En 1915, Émile Marot écrit au maire de Niort (son remplaçant). (Ph 14).
- Il lui demande de mettre à disposition, pour son usine, deux machines-outils, afin de fabriquer des obus explosifs.
- Pendant cette période, il fabriquait aussi des étriers pour les cavaliers militaires (Hussards).
- Son fils Marie-Jean est tué en 1914 sur le front de la guerre en septembre 1914.
Fin de l’usine
Après la seconde guerre mondiale, l’évolution des techniques agricoles font appel aux herbicides.
- Les trieurs à grains deviennent obsolètes, aucune autre alternative de production de l’usine Marot n’est prévue.
- Après la disparition d'Émile Marot en 1952, c’est son gendre, Émile Taudière qui prend la direction jusqu’en 1967.
- C’est Edmond Brillaud qui dirige l’usine jusqu’à sa fermeture.
- L’usine ferme définitivement en 1980.
- La famille Marot se séparent alors de ses propriétés,
- - Son château à Poitiers,
- - Sa demeure bourgeoise, 61 avenue de Limoges, achetée par la ville en 1958. (Ph 3).
- Cette maison sera détruite et l’espace libéré est aujourd’hui occupé par l’inspection académique depuis 1970.
Aujourd'hui, on peut visiter la " Grotte Marot ", propriété de la ville de Niort.
Tergiversations sur l’utilisation de ce site
La ville de Niort a acheté ce site en 1995, l’usine est située dans un périmètre qu’il faut protéger.
- En 2000, l’ensemble de l’usine qui occupe une surface de 14 000 m², est en ruine. (Ph 4).
- Que faire de cet ensemble?
- La ville a tenté, en vain, d’inscrire ces bâtiments à l’inventaire complémentaire des Monuments Historiques.
- Le 29 octobre 2001, le conseil municipal approuvait un projet d’aménagement qui consistait :
- -à démolir les bâtiments en mauvais état,
- -à conserver ceux qui présentent un intérêt architectural,
- -à conforter et rénover les bâtiments à conserver,
- -à aménager des espaces verts, en lieu et place des parties démolies…
- En 2003, on pense que les bâtiments préservés pourraient peut-être sous réserve d’agrément, abriter le local technique du personnel d’exploitation du personnel des Eaux. (Ph 5).
- En 2006, après avis de l’architecte des bâtiments de France, une partie typique de l’architecture industrielle va être conservée. (Ph 6).
- La cheminée de 25m de hauteur, utilisée pour la fabrication de la fonte, sera abattue, elle était devenue trop fragile.
- Un fronton sur la rue du Vivier sera conservé et aménagé. (Ph 7).
- L’emplacement est occupé depuis 2007 par les Services Techniques du Syndicat des Eaux du Vivier.
Sources
- Orientation économique et financière 1930.
- NR : 1957, 1970,2000, 2003, 2006...
- Archives 79.
- Mémorial des Deux-Sèvres 1851, 1860, 1882, 1902, 1921, 1936.
- Les Affiches du Poitou 1917.
- Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.
Usine Marot vue avion 1965, en haut à droite Avenir des OCM. (Ph 16)