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AMADO Jean

De WikiNiort
Extrait : Ordonnance prise contre les juifs par les autorités allemandes, le 27 septembre 1940.

Jean Amado, petit juif de Niort !

Jean Amado est né à Paris le 8 mars 1928, son père, dentiste, décède prématurément, Jean a alors 7 ans.
En 1939, sa qualité de Juif, l’oblige par sécurité à se réfugier dans une ville moins exposée à l'antisémitisme.
Il arrive à Niort en 1939, il est hébergé d’abord à Saint-Maxire, en septembre la famille s’installe dans une maison de la rue Ferdinand Buisson puis au 169, avenue de Limoges.
« Je vivais à Niort. C’était la petite ville idéale dont rêvait Alphonse Allais " bâtie à la campagne ". Tout y était calme, serein, lent, feutré... »
En septembre 1939, il entre en 6ème au Lycée Fontanes il restera élève au lycée jusqu’en 1947, année de sa terminale.
Pendant cette période, il travaille, lors les vacances scolaires, chez un menuisier de l’avenue de Limoges afin d’aider à la construction de baraquements.
Ces constructions sommaires, en bois, seront installées sur la Place de la Brèche pour y héberger des réfugiés, notamment des Belges.
En 1940, la famille vient habiter au 29, rue Voltaire.
À partir de 1942, le port de l’étoile jaune est obligatoire pour les habitants de confession juive.
Pour Jean Amado, ce signe de distinction abject, n’eut pas d’effet marquant et discriminant de la part de ses camarades et professeurs Niortais...
Le 30 janvier 1944, le gendarme Chabot dit à sa femme : « On va faire un sale boulot. On va arrêter des juifs... » 
Lucette, la fille de ce gendarme, entendant ces mots, se rappelle qu’elle connaît une fille juive au lycée de filles.
Son père, le gendarme niortais, conseille à sa fille de prévenir immédiatement cette camarade juive.
Cette camarade, c’est Jacqueline, la sœur de Jean Amado, elle est ainsi avertie sans délais.
La famille Amado décide de se cacher au hameau du Lineau de Romans à 30 kms de Niort, chez les parents d'un ami (1) de la sœur de Jean.
Puis en décembre 1944, c’est à nouveau l’exil à Barjac dans le Lot.
En septembre 1945, de retour à Niort, la famille s’installe au 34, de la rue Voltaire, Jean Amado termine ses études secondaires au Lycée Fontanes.

Devenu Haut Fonctionnaire, il « erre » selon ses dires, de ministères à Matignon et de Matignon à l’Élysée.

Il devient Consultant, Directeur Général de la S.C.E.R. (Société Civile d’Études et de Recherches à Paris).
Il est historien et de formation en droit, il partage les idées gaullistes...
Son activité professionnelle ainsi que ses principaux travaux sont dédiés à une réflexion fondamentale sur la fonction de gouverner et sur l’exercice du pouvoir politique.
Il écrit de nombreux ouvrages et essais, sur la politique. Ouvrages Amado.
Il fut membre de l’Association des Anciens élèves du Lycée et Collège Fontanes de Niort.
Jean Amado décède en Belgique, à Liège le 10 novembre 2017, il résidait 5, Avenue de Carnot à Paris.
Tableau de Pierre Dupuy de 1962, représentant la maison, refuge de la famille Amado en 1944.

Témoignage de Pierre Dupuy

(1) Pierre Dupuy, né en 1926, réside chez ses parents Paul et Marie Dupuy, cultivateurs à Romans au sud de Saint-Maixent.

Pierre DUPUY, est l’ami de Jacqueline AMADO la sœur de Jean, c’est chez ses parents à Romans au hameau du Lineau, que la famille Amado se réfugie en 1944 pour se soustraire à la seconde rafle des Juifs de début 1944 à Niort.
La famille Amado va séjourner près d'une année (1944) dans une modeste maison, disparue aujourd'hui, mais dont subsiste une peinture de Pierre Dupuy, (Voir photo).
Les villageois, voisins de la famille Dupuy, participèrent à l'accueil de la famille Amado et l'entraide s'y est parfaitement organisée dans le secret.
Lien pour lire le témoignage complet de Pierre Dupuy :
Témoignage de Pierre DUPUY (2021).

Anecdote

  • En avril 1984, Jean Amado fait parvenir son livre de témoignages ( « Y a-t-il un antisémite en France ?  ») à René Gaillard, alors maire de Niort, celui-ci lui répond (Extrait) :
« La ville de Niort, les Niortaises et les Niortais par votre témoignage apparaîtront comme fidèles à un idéal humaniste dont je me suis toujours préoccupé de raviver l’esprit et confronter les actions dans l’affirmation de mes responsabilités municipales. »
Extrait du Mémorial des Deux-Sèvres de janvier 1941.

Les Juifs à Niort et dans les Deux-Sèvres en 1939 / 1945

Stèle érigée le 12 décembre 2018 à Saint-Pardoux.
Si Jean Amado n’a pas vraiment rencontré et subi l’antisémitisme à Niort, il a aussi bénéficié, selon les exemples qu’il donne, de concours de circonstances favorables.
  • Il y eut dans les Deux-Sèvres 2 rafles :
  • - La première du 9 au 10 octobre 1942.
En octobre 1942, dans les Deux-Sèvres, 68 juifs « étrangers » dont 42 à Niort sont arrêtés et déportés.
  • - La seconde du 31 janvier au 1er février 1944.
En janvier 1944, 84 arrestations de juifs « Français » dont 30 enfants, la résistance passive permet de limiter le nombre à seulement 56 déportations.
La seconde rafle concernait surtout des enfants, ceux du département furent regroupés au 92, rue des Trois Coigneaux à Niort.
Sur les 30 enfants qui furent déportés, lors de cette seconde rafle, aucun semble t-il, n’est revenu…
Les actes de solidarité ayant permis de sauver des Juifs à Niort et dans les Deux-Sèvres ne sont pas tous répertoriés.
  • Pour exemple en 2011 :
En février 1943, Lucile Godrie (née Huteau) née à Barroux, commune de Soulièvres en 1994, héberge dans une partie de sa maison située, 110, rue de Grange, à Niort, la famille Bodenheimer de confession juive.
En 1944, la famille juive quitte la rue de Grange pour Paris.
Lucile Godrie décède le 13 juin 1992.
Le 22 mars 2011, le titre de Juste parmi les Nations, est décerné, à titre posthume, à Madame Lucile Godrie.
  • Pour exemple en 2018 (Voir photo) :
Le 21 novembre 2017, Gaston et Lucienne Dupont, cultivateur à la Miltière de la Ferrière près de Parthenay, furent élevés à titre posthume au titre de " Justes ".
Ils avaient recueilli et caché de 1942 à 1945, Lisette Chasklowicz (épouse Jovignot), âgée alors de 7 ans, devenue orpheline...
La cérémonie de reconnaissance eut lieu le 12 décembre 2018 à la Mairie de Saint-Pardoux-Soutiers et la pose d'une stèle en juin 2019.
Sur cette stèle, 143 noms de juifs déportés des Deux-Sèvres sont inscrits.

Rue de la Regratterie, des Niortais cachent une famille juive

Marcel Moncœur (1893-1946), a 21 ans à la déclaration de la guerre 14/18, il est incorporé en 1914.
Il possède alors une formation de serrurier-mécanicien et un titre du brevet de conducteur auto.
Ces formations vont lui permettre d’occuper diverses fonctions techniques au sein des armées.
Le 25 septembre 1915, il est dirigé quelques temps vers l’usine Marot de Niort et travaille alors pour l’administration de la guerre.
Il rejoint définitivement Niort en 1929, il réside au 39 rue de la Regratterie .
Il se marie en 1915 et fonde sa famille avec son épouse Irma, il vont avoir six enfants.
En 1936, il travaille comme chef mécanicien-chaudronnier dans l’usine de fabrication de bière de la rue de Bessac.
La seconde guerre mondiale de 39/45 va faire rejaillir en lui la nécessité de s’opposer de nouveau à l’occupant.
Il devient résistant, il fut actif au sein du groupe Marais (cache d'armes).
Marcel et sa famille vont cacher une famille juive pendant un an au 39, rue de la Regratterie, afin de les soustraire aux rafles.

Sources

  • Anecdote et témoignages recueillis dans son livre : " Y a-t-il un antisémite en France ? " (J. Amado 1992).
  • NR 2011, 1992.
  • Figaro.
  • " Mémorial des Deux-Sèvres " (Octobre 1940, 1941).
  • La Résistance en Deux-Sèvres (M. Chaumet et J.M. Pouplain).
  • Témoignage de Patrick Lenormand, petit-fils de Marcel Moncœur.
  • Archives 79.
  • Pierre Dupuy pour son témoignage vécu.
  • Pierre DUPUY témoignage de ses origines paysannes dans un essai en 2 volumes, rédigé dans les années 2000, sur le parler et les traditions au pays de Romans (Deux-Sèvres).
Tome 1 (A à K).
Tome 2 (L à Z).
  • Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.