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Ganteries Niortaises (Anciennes)

De WikiNiort

Article en construction : avril 2020

Note aux lecteurs

Ce modeste article n'a pas pour ambition de " faire le tour " du sujet.

Ces quelques lignes abordent et mettent en relief ce qui fut une industrie florissante à Niort.
Cette activité, aujourd'hui disparue du paysage niortais, est encore présente dans la mémoire des plus anciens.
L'Équipe de Football de Niort : " Les Chamois Niortais " nous donne un exemple qui perpétue le souvenir de cette époque.
Réclame Rousseau vers 1920 " Aux Armes de Niort " (Ph 1).
CP Ex : Gantière niortaise travaillant à son domicile (Vers 1920) (Ph 2).
Exemples de 4 usines de Ganterie à Niort (Ph 3).
Réclame Rousseau vers 1930 (Ph 4).

Origine des ganteries à Niort

C’est au XIIIe et XIVe que l’on trouve à Niort une importante industrie de tannerie.

La Sèvre niortaise, la seule voie navigable de notre région, permet les échanges, qui deviennent importants, avec l’Europe de Nord et plus tard avec le Nouveau Monde. Ces échanges transitent par les ports de La Rochelle et Marans. D'Europe du nord, plus précisément de la Baltique, puis de Terre-Neuve provient l'huile de poisson (morue et hareng) et de baleine. Des peaux d'élan et d'orignal sont importées du Canada.
La chamoiserie niortaise devient la principale branche de la tannerie. La chamoiserie consiste dans l'emploi successif d'un bain de chaux ou pelain et d'un traitement à l'huile de poisson. Ces traitements rendaient le cuir lavable. C'est d'abord sur des peaux de chamois que fut employé ce procédé, d'où l'origine du nom.
Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, l’industrie du chamoisage permet une prospérité économique de Niort, qui est par ailleurs la seule ville à la pratiquer.
Thomas Jean Main fut un acteur principal à l’origine de cette aventure industrielle.
Cette chamoiserie niortaise a donné naissance à une autre industrie, celle de la ganterie, très prospère à Niort au XXe siècle.

Les ganteries à Niort, sources d’emplois

Avant la révolution de 1789, 300 hommes, 1100 femmes et enfants, vivent de la chamoiserie et ganterie.

Les ateliers niortais de cette époque fournissent 30 régiments de cavalerie en gants et jusqu’en 1815 des culottes pour les cavaliers.
Le 23 septembre 1815, une Ordonnance Royale décrète :
« Nos régiments de Cavalerie qui faisaient usage de la culotte de peau, la remplaceront par un pantalon en étoffe de laine croisée. »
Cette décision entraîne les usines niortaises à produire plus de gants à partir de 1815, afin de compenser la perte de production des culottes de peau...
En 1883, on estime que 5000 ouvriers sont employés à la préparation des peaux et à la fabrication des gants.
Une circulaire de Jean-Baptiste Billot, alors ministre de la guerre, suggère que l’on remplace le gant de peau par le gant de fil de coton pour une partie des militaires.
Cette décision de 1883 jeta le trouble au milieu de la population ouvrière...
A la fin du XIXe siècle, on compte jusqu’à 56 ateliers qui emploie 4000 ouvriers et sortent plus de 40000 douzaines de gants par jour.
En 1901, on trouve 16 manufactures de ganterie de peaux occupant 1558 personnes dont 633 femmes.

Dans les années 1920, le secteur de la ganterie se développe considérablement à Niort.

En 1930, Louis Boinot est président de la Chambre syndicale de l’industrie niortaise de la chamoiserie et ganterie.
On compte à Niort, plus de 20 usines se consacrant à cette activité,.
Si certaines ne sont que des petits ateliers, d’autres usines sont également des chamoiseries.
Certaines emploient au total en 1926, 250 coupeurs et 1500 ouvrières gantières.
Un nombre importants de sous-traitants, souvent des femmes travaillent à domicile (Voir Ph 2).
Au début du XXe siècle, la mode du gant long, est remplacée par le gant de petite taille :
Selon Arthur Taire :
« Dans une peau de grandeur moyenne, on fait 4 paires de gants ordinaires et seulement une paire de gants longs et une paire de gants ordinaires. »
Entre les deux guerres 1 gant sur 5 de la production française est fabriqué à Niort.
Les autres fabrications en France se situent principalement à Saint-Junien, Millau et Grenoble... A la veille de la Grande dépression (ou crise dite de 1929) 210 000 douzaines de gants, contre 33 000 en 1855, 100 000 en 1921 sont produites. Spécialisé dans le produit de moyenne gamme, Niort résistera mieux que Millau à la rétraction du commerce international du début des années trente (330 000 douzaines en 1929, 284 000 en 1932, dont 3/4 de haut de gamme).
Les usines niortaises emploient en cette période plus de 3000 personnes..

Vers 1930, la maison Boinot emploie au total 1100 ouvriers et ouvrières, et 400 gantiers et gantières à domicile (Ph 4).

Ganteries Babin-Champenois, Quai de la Préfecture (Ph 8).

Félix Bastard, ouvrier modèle

Le 28 octobre 1900 décédait Félix Bastard, à l’âge de 55 ans, il était contremaître à la ganterie de Mme Berr de la rue Basse à Niort.

Selon l’article du " Mémorial de l’Ouest " de 1900 (Voir Ph 7), il était le collaborateur de cet entreprise depuis 44 ans.
Entré dans cette ganterie à l’âge de 11 ans, il en avait franchi toutes les étapes.
Reconnaissant, cet ouvrier gantier a fait un legs, reconductible chaque année, pour récompenser un ouvrier de préférence gantier, honnête et chargé de famille (Voir Ph 7).

Liste des usines et ateliers de ganteries présentes à Niort entre les 2 guerres

- Aimé Jean 95, rue des Trois-Coigneaux,
- Babin et Léchelle, Les Vieux Ponts,
- Babin-Champenois, quai de la Préfecture. (Voir Ph 8).
- Baujet Albert 118, avenue de Limoges.
- Barit A. Eug. Siège social à Paris et fabrication à Niort (Ph 6), 74, rue de Fontenay (Liquidation judiciaire en 1925).
- Binet Jules 27, rue Voltaire.
- Boinot (Les fils de T.) 41, Bd Main. (Ph 3 et Ph 5).
- Bridonneau Frères et Cie 261, avenue de Paris (Fondée en 1927).
- Broussaud J 84, Bd Main. (Ph ). (Aujourd'hui Quai Maurice Métayer),
- Buscarlet J. (S.A.) 36, 38 rue Saint-Gelais. (gants de peaux et gants de tissus, marque : Au Trèfle.) (Fermeture en 1937 après 23 années à Niort),
- Carrière-Marceau 1, rue de Fontenay.
- Cluzeau E, 117, rue Saint-Gelais.
- Espinasse Clément, 70, rue de Fontenay.
- Forestier-Chartron, 6 et 8, Bd Main,
- Gaborit Prosper 26, place Chanzy (Le fond de commerce fut vendu et cédé en juillet 1928 à Henri Migaud et à Suzanne Rousseau, son épouse).
- Lamberthon et Cie 12, (Pichoreau et Boisseau) 12, rue du Murier (1920),
- Margotton-Poussard, 45 av Saint-Jean,
- Marinet Vve et Aimé, 96, rue de la Gare (Création février 1920),
- Monier Charles et Cie, 106, rue d’Echiré (Associé jusqu’en janvier 1935 à Léonce Espinassou).
- Papot Félix et Popelineau, 2 et 4, rue Sarrazine (Ph 3),
- Poussard Juliette, rue Jean Macé (Anciennes Margotton-Poussard). (Vente aux enchères en juillet 1935).
- Racault E 20, rue de l’Arsenal,
- Robin et Trouvé, 205, rue de Strasbourg,
- Rousseau Vve et fils, 62 rue quai de la Regratterie et Saint-Liguaire.
- Saraux-Mélies, 22, rue du Bas-Sablonnier,
- Sicard G. et Cie 8, place du Pilori. (1928) (Ph 3).

Anecdote sur achat de gants pour la Belgique

Au début du XXe siècle, une carte postale est expédiée de Niort à Kelly Lefèvre, marché aux Herbes N°62, Bruxelles Belgique.

« Ma chère Kelly, de Niort, je te fais savoir que je ne suis pas venu ici inutilement.
Tu auras des gants Chamois à franges et à patte. Tu peux en promettre... Jean. »

Film INA de 1968 montrant les différentes phases de la fabrication des gants

En janvier 1968, est réalisé, à Niort, un petit film intitulé : " La peausserie de Niort ".

Ce film, d'une durée de 7 Min. et 27 S., visible au lien ci-dessous, montre les différentes étapes de transformations des peaux de moutons.
◙ Lien pour visualiser les préparations multiples jusqu'à la réalisation des gants : ► La Peausserie de Niort.
En 1903 le Général Louis André, ministre de la Guerre, décide de réduire l'approvisionnement en gants des militaires (Ph 5).

Déclin des ganteries niortaises

En janvier 1967, une décision politique permet l’importation des « vêtements et accessoires en cuir naturel ou les succédanés de cuir. »
Les pays concernés : les pays de l’Est et surtout de la Chine vont faire chuter les prix des produits de cette industrie.
Les gants fabriqués en France ne sont plus compétitifs...
La fabrication des gants à Niort, après avoir été une activité florissante va progressivement décliner avant de disparaître…
L’usine Boinot, la dernière usine niortaise, sera cédée a un repreneur, Christian Valabrègue, en 1992 et disparaîtra en dépôt de bilan en 1996...

Exposition de 2017 au Musée d'Agesci

En 2017, une exposition sur l’histoire et la tradition de la chamoiserie et de la ganterie niortaises s'est déroulée au musée Bernard d’Agesci.

Elle fut organisée en écho au projet de transformation du site des anciennes usines Boinot lancé par la Ville de Niort.
◙ Lien pour découvrir le diaporama de l'Exposition : ► Chamoiserie et ganterie, une tradition séculaire à Niort.

Sources

  • " L’Orientation économique et Financière dans les Deux-Sèvres " (1930).
  • " Mémorial des Deux-Sèvres " 1860, 1883, 1900, 1901, 1903, 1906, 1920, 1925, 1937.
  • Article de Louis Boinot (1930).
  • Bulletin des lois du royaume de France. 7ème Série (1916).
  • NR février 1967.
  • Courrier de l’Ouest 1996.
  • Annuaires des Deux-Sèvres (1928, 1936).
  • " Niort Agglo " (2017).
  • André Meynier, Trois centres de ganterie : Millau, Niort, Saint-Junien, Annales de géographie, année 1934, 246, pp. 648-652,
  • Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel DALLET.
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