Le logiciel MediaWiki a été mis à jour afin d’être plus rapide. Si vous observez des problèmes, veuillez laisser un message sur Le Bistro.
Il a été ajouté l’éditeur visuel pour faciliter l’édition (exemple) et un système de discussions amélioré (exemple).

Pyramide de la Brèche : Différence entre versions

De WikiNiort
(Page créée avec « ==Pyramide de la Brèche == Le 25 et le 30 mai 1777, le comte d’Artois (1) qui visitait son apanage (2) passa à Niort (voir photo) Il séjourna les 2 jours à l’Hôt... »)
 
 
(8 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 +
[[Catégorie:Centre ville]]
 +
[[Catégorie:Histoire]]
 +
[[Fichier: Dessin Pyramide Breche.jpg |200px|right|thumb|Dessin de la Pyramide de la Brèche (Dessin de [[BOUNEAULT Arthur - Dessinateur archéologue|A. Bounault]]). (photo 1)]]
 +
[[Fichier:Niort XVIIIe.jpg|280px|right|thumb|Emplacement de 2 bornes royales à Niort.]]
 
==Pyramide de la Brèche ==
 
==Pyramide de la Brèche ==
Le 25 et le 30 mai 1777, le comte d’Artois (1) qui visitait son apanage (2) passa à Niort (voir photo)
+
'''Le 25 et le 30 mai 1777, le comte d’Artois '''(1)''' qui visitait son apanage (2) passa à Niort (voir photo 3)'''
 
+
:Il séjourna les 2 jours à l’Hôtel Sainte-Vaise, rue Saint-André, chez François Delavault.
Il séjourna les 2 jours à l’Hôtel Sainte-Vaise, rue Saint-André, chez François Delavault.
+
:Le 25 mai, [[Rouget de Gourcez | Mathieu Rouget de Gourcez]], alors maire de Niort, lui présente ses hommages.
 
+
:Il demande au Comte d’Artois la permission de lui ériger un « Obélisque » pour perpétuer ce souvenir.
Le 25 mai, [[Rouget de Gourcez | Mathieu Rouget de Gourcez]], alors maire de Niort lui présente ses hommages.
+
:En mai 1780, Mathieu Rouget de Gourcez, se trouvant à Paris, demanda moyennant 174 livres, qu’on lui copie le dessin d’un obélisque que le comté du Ponthieu venait de faire ériger.
 
+
[[Bernard d'Agesci|Bernard d’Agescy]]  s’en inspira et en fit un dessin, modèle réduit, que le Comte d’Artois «'' accueilli avec bonté ''» . (voir photo 1)
Il demande au Comte d’Artois la permission de lui ériger un « Obélisque » pour perpétuer ce souvenir.
 
 
 
En mai 1780, Mathieu Rouget de Gourcez, se trouvant à Paris, demanda moyennant 174 livres qu’on lui copie le dessin d’un obélisque que le comté du Ponthieu venait de faire ériger.
 
 
 
[[Bernard d'Agesci|Bernard d’Agescy]]  s’en inspira et en fit un dessin, modèle réduit, que le Comte d’Artois «'' accueilli avec bonté ''» . (voir photo)
 
  
 
'''En 1780, cette pyramide fut réalisée et placée, place de la Brèche, à l’entrée de la rue du Minage''', aujourd’hui, rue Ricard.
 
'''En 1780, cette pyramide fut réalisée et placée, place de la Brèche, à l’entrée de la rue du Minage''', aujourd’hui, rue Ricard.
 +
:Cette Pyramide fut aussi appelée Obélisque ou encore Colonne, ce genre de monument était à la « mode «  en France au XVIIIe siècle...
 +
:'''Afin de donner une utilité publique à ce monument, on lui adjoint une pompe, l’eau (3) ayant été canalisée depuis la rue Pinaudière''' (rue Rabelais).
 +
:La brimbale animant la pompe était sur la face est, l’eau tombait dans un bassin de pierre, garni de plomb, face sud.
 +
:'''Trois enfants formaient la décoration, l’un d’eux vomissait l’eau sortant de la pompe, tandis que les deux autres semblaient le soutenir'''. (voir photo 1).
 +
:Cette Pyramide fut construire sur l’emplacement de la [[Bornes et Panneaux de directions du Niortais (Historique)|borne militaire N°207]] '''(4)''', posée par les ingénieurs du roi en 1770.
 +
:L’architecte et entrepreneur fut un sieur Pinoteau, qui fit tous les dessins.
 +
:La sculpture des trois enfants et celle des armoiries furent confiés à Hélie-Jean Drouard, artiste de Fontenay-le-Comte.
 +
:Sa hauteur était de 6 toises (1,949 m x 6  = 11,70 m) et son soubassement  de 6 x 6 pieds.
 +
:Le sommet était coiffé d’une énorme fleur de lys, auquel on avait ajouté, en 1792, un bonnet phrygien en tôle.
 +
:Ce petit monument a coûté la somme de 4833 livres.
 +
:En juin 1791, le sieur Esserteau reçut 16 livres pour avoir effacé les armes autour de la ville et sur la Pyramide.
  
Cette Pyramide fut aussi appelée Obélisque ou encore Colonne, ce genre de monument était à la « mode «  en France au XVIIIe siècle...
+
'''La colonne fut condamnée à la destruction à l’occasion de la fête du 14 juillet 1792, peu de temps avant la « Convention »'''.
 
+
:Les biens du Comte d’Artois, selon la loi sur les émigrés, lui sont confisqués en 1792 '''(5)'''.
Afin de donner une utilité publique à ce monument, on lui adjoint une pompe, l’eau (3) ayant été canalisée depuis la rue Pinaudière (rue Rabelais).
+
:En 1808, la fontaine existait encore, mais en mauvais état.
 
+
'''Le 10 décembre 1808, un mandat de démolition fut délivré au profit de Chebrou, maître maçon.'''
La brimbale animant la pompe était sur la face est et l’eau tombait dans un bassin de pierre garni de plomb, face sud.
+
:Ce petit monument, à la gloire du Comte d’Artois, n’a donc été visible sur la place de la Brèche que '''28''' ans.  
 
+
:En 1846, le dernier vestige de cette Pyramide, un cube de pierre, fut abattu.
'''Trois enfants formaient la décoration, l’un d’eux vomissait l’eau sortant de la pompe, tandis que les deux autres semblaient le soutenir'''. (voir photo).
+
:Ce socle en pierre avait servi de support au seul réverbère qui éclairait la Brèche.
 
 
Cette Pyramide fut construire sur l’emplacement de la borne militaire N°207 (4), posée par les ingénieurs du roi en 1770.
 
 
 
L’architecte et entrepreneur fut un sieur Pinoteau, qui fit tous les dessins.
 
 
 
La sculpture des trois d’enfants et celle des Armoiries furent confiés à Hélie-Jean Drouard, artiste de Fontenay le Comte.
 
 
 
Sa hauteur était de 6 toises (1,949 m x 6  = 11,70 m) et son soubassement  de 6 x 6 pieds.
 
 
 
Le sommet était coiffé d’une énorme fleur de lys, auquel on avait ajouté, en 1792, un bonnet phrygien en tôle.
 
 
 
Ce monument a coûté la somme de 4833 livres.
 
 
 
En juin 1791, le sieur Esserteau reçut 16 livres pour avoir effacé les armes autour de la ville et sur la Pyramide.
 
 
 
La colonne fut condamnée à la destruction à l’occasion de la fête du 14 juillet 1792, peu de temps avant la « Convention ».
 
 
 
Les biens du Comte d’Artois, selon la loi sur les émigrés, lui sont confisqués en 1792 (5).
 
 
 
En 1808, la fontaine existait encore mais en mauvais état.
 
 
 
C’est pourtant, à cette époque, le 10 décembre 1808, qu’un mandat de démolition fut délivré au profit de Chebrou, maître maçon.
 
 
 
Ce petit monument, à la gloire du Comte d’Artois, n’a donc été visible sur la place de la Brèche que 28 ans.  
 
 
 
En 1846, le dernier vestige de cette Pyramide, un cube de pierre, fut abattu.
 
 
 
Ce socle en pierre avait servi de support au seul réverbère qui éclairait la Brèche.
 
 
 
'''On peut, en 2018, découvrir une maquette modèle réduit de cette « Pyramide » au musée d’Agesci , avenue de Limoges à Niort'''. (voir photo).
 
  
 +
'''On peut, en 2018, découvrir une maquette modèle réduit de cette « Pyramide » au musée d’Agesci , avenue de Limoges à Niort'''. (voir photo 2).
 +
[[Fichier: Mquette Musée Agesci.jpg |200px|right|thumb|Maquette du Musée d'Agesci en plâtre ([[BOUNEAULT Arthur - Dessinateur archéologue|Arthur Bouneault]] 1894). (photo 2)]]
 
==Chacune des faces portait des décorations et des inscriptions==
 
==Chacune des faces portait des décorations et des inscriptions==
*'''Face sud''' : le blason et la couronne du Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye (6).
+
*'''Face sud''' :  
:Les armoiries du maire de Niort, Rouget de Gourcez.
+
:-le blason et la couronne du Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye '''(6)'''.
:Les armoiries de la ville de Niort.
+
:-Les armoiries du maire de Niort, Rouget de Gourcez. (voir photo 4)
Et une inscription :
+
:-Les armoiries de la ville de Niort.
 +
:Et une inscription :
 
::LA MAIN DE L’HOMME
 
::LA MAIN DE L’HOMME
 
:::LES ÉRIGE
 
:::LES ÉRIGE
Ligne 62 : Ligne 45 :
 
::QUI LES CONSACRE.  
 
::QUI LES CONSACRE.  
 
:Une sculpture, décrite plus haut, des 3 enfants.
 
:Une sculpture, décrite plus haut, des 3 enfants.
Au dessus du groupe d’enfants, un inscription latine, pour « honorer » Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye .
+
:Au dessus du groupe d’enfants, un inscription latine, pour rendre hommage à Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye.
*'''Face nord''' : 4 écussons puis une inscription latine.
+
[[Fichier: Extrait Af Poitou 1777.jpg |200px|right|thumb|Extrait des "Affiches du Poitou" (1777). (photo 3)]]
 +
*'''Face nord''' :  
 +
:- 4 écussons puis une inscription latine.
 
::VIRTUTE MILITARI PROVINCIA VIGET
 
::VIRTUTE MILITARI PROVINCIA VIGET
*'''Face est''' : l’écusson du comte d’Artois et 2 inscription latines :
+
*'''Face est''' :  
 +
:-l’écusson du comte d’Artois et 2 inscription latines :
 
:1- SUB UMBRA PRINCIPIS RES PUBLICA CRESCIT
 
:1- SUB UMBRA PRINCIPIS RES PUBLICA CRESCIT
:2- CRESSA NE CAREAT PULCHRA DIES NOTA (ver d’Horace)
+
:2- CRESSA NE CAREAT PULCHRA DIES NOTA (vers d’Horace)
Sur le fût, la liste suivante :
+
:Sur le fût, la liste suivante :
 
::CHARLES PHILIPPE DE FRANCE COMTE D’ARTOIS, FRERE DU ROY
 
::CHARLES PHILIPPE DE FRANCE COMTE D’ARTOIS, FRERE DU ROY
::AYANT, AU MILIEU DES ACCLAMATIONS PUBLIQUES, PRIS
+
::AYANT, AU MILIEU DES ACCLAMATIONS PUBLIQUES, PRIT
 
::POSSESSION DE CETTE VILLE LE 10 NOVEMBRE 1779
 
::POSSESSION DE CETTE VILLE LE 10 NOVEMBRE 1779
::MATHIEU ROUGET DE GOURCEZ? MAIRE?
+
:::MATHIEU ROUGET DE GOURCEZ, MAIRE,
 
::ANTOINE-ÉTIENNE PIET-BERTON, LIEUTENANT DU MAIRE,
 
::ANTOINE-ÉTIENNE PIET-BERTON, LIEUTENANT DU MAIRE,
::CLAUDE-LOUIS ARNAULDET DU MAIRÉ
+
:::CLAUDE-LOUIS ARNAULDET DU MAIRÉ
 
::CHARLES-NOEL PIET-PIJOUY
 
::CHARLES-NOEL PIET-PIJOUY
 
::LOUIS BARRÉ DE CHABANS, PROCUREUR DU ROY,
 
::LOUIS BARRÉ DE CHABANS, PROCUREUR DU ROY,
 
::ONT FAIT  ÉRIGER CE MONUMENT POUR PERPÉTUER A JAMAIS
 
::ONT FAIT  ÉRIGER CE MONUMENT POUR PERPÉTUER A JAMAIS
::CE JOUR D’ALLÉGRESSE
+
:::CE JOUR D’ALLÉGRESSE
 
*'''Face ouest''' :
 
*'''Face ouest''' :
Au sommet les armes de France
+
:- Au sommet les armes de France
2 inscriptions latines :
+
:Deux inscriptions latines :
 
:1-REGNANTE LUDOVICO DECIMO SEXTO ANNO MDCCLXXIX
 
:1-REGNANTE LUDOVICO DECIMO SEXTO ANNO MDCCLXXIX
 
:2-SERUS IN COELUM REDEAT, DIU QUE LOETUS INTERSIT POPULO
 
:2-SERUS IN COELUM REDEAT, DIU QUE LOETUS INTERSIT POPULO
 
On y trouvait aussi la liste des bornes militaires depuis Paris...
 
On y trouvait aussi la liste des bornes militaires depuis Paris...
 
+
[[Fichier: armoiries niort.jpg |280px|right|thumb|Armoiries de Niort (à gauche) et de Rouget de Gourcez (à droite). (photo 4)]]
 
==Notes==
 
==Notes==
:(1) Le comte d’Artois (1757/1836) est le petit fils de Louis XV, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII.
+
:'''(1)''' Le comte d’Artois (1757/1836) est le petit fils de Louis XV, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII.
::En 1824, il devient roi de France sous le nom de Charles X.
+
:'''(2)''' Un apanage est une partie du domaine royal cédée aux frères cadets du roi.
::Après la révolution de 1830, il abdique le 2 août.
+
::Un apanage est constitué de terres, de droits et de résidences, le comte d’Artois reçu celui du Poitou en 1778, à l’âge de 22 ans..
:(2) Un apanage est une partie du domaine royal cédée aux frères cadets du roi.
+
:'''(3)''' En cette fin du XVIIIe siècle, l’eau du centre ville était de mauvaise qualité, on vendait l’eau du Vivier en seau...  
::Un apanage est constitué de terres, de droits et de résidences, il reçu celui du Poitou en 1778, à l’âge de 22 ans..
 
:(3) En cette fin du XVIIIe siècle, l’eau du centre ville était de mauvaise qualité, on vendait l’eau du Vivier en seau...  
 
 
::Deux fontaines naturelles étaient utilisées, une près du Donjon et l’autre, celle de la rue Pinaudière.
 
::Deux fontaines naturelles étaient utilisées, une près du Donjon et l’autre, celle de la rue Pinaudière.
:(4) la borne 207 correspond à une distance de 207 milles (1000 toises) de Paris soit : 1,949m x 1000 x 207 = 404 kms.
+
:'''(4)''' La borne 207 correspond à une distance de 207 milles (1000 toises) de Paris soit : 1,949 m x 1000 x 207 = 404 kms.
 
::Au début du XXe siècle, la borne 206, était encore visible près du [[Pont de Villemontée]] ...
 
::Au début du XXe siècle, la borne 206, était encore visible près du [[Pont de Villemontée]] ...
:5) Après la révolution, dès le 16 juillet 1789, le comte d’Artois émigre.
+
:'''(5)''' Après la révolution, dès le 16 juillet 1789, le comte d’Artois émigre.
 
::En 1824, il devient roi de France sous le nom de Charles X.
 
::En 1824, il devient roi de France sous le nom de Charles X.
 
::Le 2 août 1830, après la révolution de 1830, il abdique.
 
::Le 2 août 1830, après la révolution de 1830, il abdique.
:(6) Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis de Tymeur est intendant de la généralité de Poitiers de 1750 à 1784.
+
:'''(6)''' Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis de Tymeur est intendant de la généralité de Poitiers de 1750 à 1784.
  
 
==Sources==
 
==Sources==
*Pyramide du comte d’Artois par Van der Cruysse. (1895)
+
:*Pyramide du comte d’Artois par Van der Cruysse. (1895)
*Dessins Arthur Bounault.
+
:*Dessins [[BOUNEAULT Arthur - Dessinateur archéologue|Arthur Bounault]].
*Léo Dessaivre.
+
:*Léo Dessaivre.
*Affiches du Poitou (Juillet 1877).
+
:*Affiches du Poitou (Juillet 1777).
*[[Musée Bernard d'Agesci]].
+
:*[[Musée Bernard d'Agesci]].
*JMD
+
:*Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.

Version actuelle en date du 13 décembre 2024 à 18:27

Dessin de la Pyramide de la Brèche (Dessin de A. Bounault). (photo 1)
Emplacement de 2 bornes royales à Niort.

Pyramide de la Brèche

Le 25 et le 30 mai 1777, le comte d’Artois (1) qui visitait son apanage (2) passa à Niort (voir photo 3)

Il séjourna les 2 jours à l’Hôtel Sainte-Vaise, rue Saint-André, chez François Delavault.
Le 25 mai, Mathieu Rouget de Gourcez, alors maire de Niort, lui présente ses hommages.
Il demande au Comte d’Artois la permission de lui ériger un « Obélisque » pour perpétuer ce souvenir.
En mai 1780, Mathieu Rouget de Gourcez, se trouvant à Paris, demanda moyennant 174 livres, qu’on lui copie le dessin d’un obélisque que le comté du Ponthieu venait de faire ériger.

Bernard d’Agescy s’en inspira et en fit un dessin, modèle réduit, que le Comte d’Artois « accueilli avec bonté » . (voir photo 1)

En 1780, cette pyramide fut réalisée et placée, place de la Brèche, à l’entrée de la rue du Minage, aujourd’hui, rue Ricard.

Cette Pyramide fut aussi appelée Obélisque ou encore Colonne, ce genre de monument était à la « mode «  en France au XVIIIe siècle...
Afin de donner une utilité publique à ce monument, on lui adjoint une pompe, l’eau (3) ayant été canalisée depuis la rue Pinaudière (rue Rabelais).
La brimbale animant la pompe était sur la face est, l’eau tombait dans un bassin de pierre, garni de plomb, face sud.
Trois enfants formaient la décoration, l’un d’eux vomissait l’eau sortant de la pompe, tandis que les deux autres semblaient le soutenir. (voir photo 1).
Cette Pyramide fut construire sur l’emplacement de la borne militaire N°207 (4), posée par les ingénieurs du roi en 1770.
L’architecte et entrepreneur fut un sieur Pinoteau, qui fit tous les dessins.
La sculpture des trois enfants et celle des armoiries furent confiés à Hélie-Jean Drouard, artiste de Fontenay-le-Comte.
Sa hauteur était de 6 toises (1,949 m x 6 = 11,70 m) et son soubassement de 6 x 6 pieds.
Le sommet était coiffé d’une énorme fleur de lys, auquel on avait ajouté, en 1792, un bonnet phrygien en tôle.
Ce petit monument a coûté la somme de 4833 livres.
En juin 1791, le sieur Esserteau reçut 16 livres pour avoir effacé les armes autour de la ville et sur la Pyramide.

La colonne fut condamnée à la destruction à l’occasion de la fête du 14 juillet 1792, peu de temps avant la « Convention ».

Les biens du Comte d’Artois, selon la loi sur les émigrés, lui sont confisqués en 1792 (5).
En 1808, la fontaine existait encore, mais en mauvais état.

Le 10 décembre 1808, un mandat de démolition fut délivré au profit de Chebrou, maître maçon.

Ce petit monument, à la gloire du Comte d’Artois, n’a donc été visible sur la place de la Brèche que 28 ans.
En 1846, le dernier vestige de cette Pyramide, un cube de pierre, fut abattu.
Ce socle en pierre avait servi de support au seul réverbère qui éclairait la Brèche.

On peut, en 2018, découvrir une maquette modèle réduit de cette « Pyramide » au musée d’Agesci , avenue de Limoges à Niort. (voir photo 2).

Maquette du Musée d'Agesci en plâtre (Arthur Bouneault 1894). (photo 2)

Chacune des faces portait des décorations et des inscriptions

  • Face sud :
-le blason et la couronne du Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye (6).
-Les armoiries du maire de Niort, Rouget de Gourcez. (voir photo 4)
-Les armoiries de la ville de Niort.
Et une inscription :
LA MAIN DE L’HOMME
LES ÉRIGE
MAIS C’EST LE CŒUR
QUI LES CONSACRE.
Une sculpture, décrite plus haut, des 3 enfants.
Au dessus du groupe d’enfants, un inscription latine, pour rendre hommage à Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye.
Extrait des "Affiches du Poitou" (1777). (photo 3)
  • Face nord :
- 4 écussons puis une inscription latine.
VIRTUTE MILITARI PROVINCIA VIGET
  • Face est :
-l’écusson du comte d’Artois et 2 inscription latines :
1- SUB UMBRA PRINCIPIS RES PUBLICA CRESCIT
2- CRESSA NE CAREAT PULCHRA DIES NOTA (vers d’Horace)
Sur le fût, la liste suivante :
CHARLES PHILIPPE DE FRANCE COMTE D’ARTOIS, FRERE DU ROY
AYANT, AU MILIEU DES ACCLAMATIONS PUBLIQUES, PRIT
POSSESSION DE CETTE VILLE LE 10 NOVEMBRE 1779
MATHIEU ROUGET DE GOURCEZ, MAIRE,
ANTOINE-ÉTIENNE PIET-BERTON, LIEUTENANT DU MAIRE,
CLAUDE-LOUIS ARNAULDET DU MAIRÉ
CHARLES-NOEL PIET-PIJOUY
LOUIS BARRÉ DE CHABANS, PROCUREUR DU ROY,
ONT FAIT ÉRIGER CE MONUMENT POUR PERPÉTUER A JAMAIS
CE JOUR D’ALLÉGRESSE
  • Face ouest :
- Au sommet les armes de France
Deux inscriptions latines :
1-REGNANTE LUDOVICO DECIMO SEXTO ANNO MDCCLXXIX
2-SERUS IN COELUM REDEAT, DIU QUE LOETUS INTERSIT POPULO

On y trouvait aussi la liste des bornes militaires depuis Paris...

Armoiries de Niort (à gauche) et de Rouget de Gourcez (à droite). (photo 4)

Notes

(1) Le comte d’Artois (1757/1836) est le petit fils de Louis XV, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII.
(2) Un apanage est une partie du domaine royal cédée aux frères cadets du roi.
Un apanage est constitué de terres, de droits et de résidences, le comte d’Artois reçu celui du Poitou en 1778, à l’âge de 22 ans..
(3) En cette fin du XVIIIe siècle, l’eau du centre ville était de mauvaise qualité, on vendait l’eau du Vivier en seau...
Deux fontaines naturelles étaient utilisées, une près du Donjon et l’autre, celle de la rue Pinaudière.
(4) La borne 207 correspond à une distance de 207 milles (1000 toises) de Paris soit : 1,949 m x 1000 x 207 = 404 kms.
Au début du XXe siècle, la borne 206, était encore visible près du Pont de Villemontée ...
(5) Après la révolution, dès le 16 juillet 1789, le comte d’Artois émigre.
En 1824, il devient roi de France sous le nom de Charles X.
Le 2 août 1830, après la révolution de 1830, il abdique.
(6) Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis de Tymeur est intendant de la généralité de Poitiers de 1750 à 1784.

Sources

  • Pyramide du comte d’Artois par Van der Cruysse. (1895)
  • Dessins Arthur Bounault.
  • Léo Dessaivre.
  • Affiches du Poitou (Juillet 1777).
  • Musée Bernard d'Agesci.
  • Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.