Moulins à foulons dans l'histoire industrielle de Niort : Différence entre versions
De WikiNiort
(2 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées) | |||
Ligne 22 : | Ligne 22 : | ||
:Enfin dans la deuxième partie du 19ème siècle, la force hydraulique est progressivement remplacée par des machines à vapeur puis au 20ème siècle par l'électricité. | :Enfin dans la deuxième partie du 19ème siècle, la force hydraulique est progressivement remplacée par des machines à vapeur puis au 20ème siècle par l'électricité. | ||
::'''(1)''' Entre Saint-Maixent et Niort on compte 48 moulins à eau sur une distance de 48 kms. | ::'''(1)''' Entre Saint-Maixent et Niort on compte 48 moulins à eau sur une distance de 48 kms. | ||
− | ::'''(2)''' Le moulin du milieu est attesté dès le 13ème siècle. Situé aux pieds des remparts et du donjon plusieurs activités s'y sont succédées : meunerie, tannerie, fabrication d'huiles (1838), fonderie, faïencerie, fabrique de chaises | + | ::'''(2)''' Le moulin du milieu est attesté dès le 13ème siècle. Situé aux pieds des remparts et du donjon plusieurs activités s'y sont succédées : meunerie, tannerie, fabrication d'huiles (1838), fonderie "''Lasseron et Legrand''", faïencerie des "''frères Gautier''", fabrique de chaises "''Arthur Banlier''". |
− | :: | + | ::'''Selon Jean-Yves Banlier''' : « ''C'est dans les années 30 que le Moulin du Milieu est devenu une unité de fabrication de chaises. Je sais que mon grand-père, face aux pelleteuses, a voulu lier le sort du moulin à sa roue en la détruisant par une manœuvre technique avant que les gravats ne lui servent de linceul...'' » |
+ | ::Cette dernière activité dura jusqu'en 1964 avec l'entreprise Banlier. | ||
::Le moulin a alors été rasé dans le cadre de la création du parking qui porte son nom. | ::Le moulin a alors été rasé dans le cadre de la création du parking qui porte son nom. | ||
::'''(3)''' Les moulins à foulons : de Bessac, du Roc, du Pas des Roues, de Bouzon, de Comporté, de l'usine Rousseau. | ::'''(3)''' Les moulins à foulons : de Bessac, du Roc, du Pas des Roues, de Bouzon, de Comporté, de l'usine Rousseau. |
Version actuelle en date du 29 octobre 2024 à 17:02
Sommaire
Liste des moulins à eaux sur la Sèvre niortaise traversant Niort
- Dès le moyen âge, la Sèvre a été très tôt propice à la construction de moulins à eau (1).
- Au début du 19ème siècle, on en compte 16 :
- Ces moulins, mus par une ou plusieurs roues à aubes, sont d'abord des moulins à bled (blé) et pour certains, des moulins à draps pour fabriquer le papier.
- Avec le développement de la chamoiserie sous l'impulsion de Thomas Jean Main ( 1745-1821 ) certains moulins sont équipés de foulons tout en conservant leur activité de meunerie.(3).
- Par contre La ville de Niort et les Ponts et chaussées surveillent de près les moulins répartis entre les vieux ponts et Comporté d'autant que plusieurs passent d'une activité artisanale à une production industrielle.
- Les autorités sont particulièrement attentives au nœud formé par les moulins du Château, du Roy et du Milieu qui gênent l'écoulement de la Sèvre.
- En 1867 en même temps que sont construits les Ponts Main, que le port est déplacé en aval du moulin Neuf, l'arrêt des moulins du Château et du Roy est décidé.
- Enfin dans la deuxième partie du 19ème siècle, la force hydraulique est progressivement remplacée par des machines à vapeur puis au 20ème siècle par l'électricité.
- (1) Entre Saint-Maixent et Niort on compte 48 moulins à eau sur une distance de 48 kms.
- (2) Le moulin du milieu est attesté dès le 13ème siècle. Situé aux pieds des remparts et du donjon plusieurs activités s'y sont succédées : meunerie, tannerie, fabrication d'huiles (1838), fonderie "Lasseron et Legrand", faïencerie des "frères Gautier", fabrique de chaises "Arthur Banlier".
- Selon Jean-Yves Banlier : « C'est dans les années 30 que le Moulin du Milieu est devenu une unité de fabrication de chaises. Je sais que mon grand-père, face aux pelleteuses, a voulu lier le sort du moulin à sa roue en la détruisant par une manœuvre technique avant que les gravats ne lui servent de linceul... »
- Cette dernière activité dura jusqu'en 1964 avec l'entreprise Banlier.
- Le moulin a alors été rasé dans le cadre de la création du parking qui porte son nom.
- (3) Les moulins à foulons : de Bessac, du Roc, du Pas des Roues, de Bouzon, de Comporté, de l'usine Rousseau.
Moulin à foulons
Ils servaient à fouler (battre) les peaux.
- Un mécanisme entraîné par la roue à aubes ou le moteur actionne des foulons (maillets) placés en position de bascule au dessus des cuves pour le tannage des peaux.
- Le cuir y est « nourri » le plus souvent avec de l'huile de poisson et du blanc de baleines ou spermaceti (substance blanche présente dans la tête de certains cétacés comme le cachalot) pour lui apporter sa souplesse et augmenter sa durée de vie.
- Ces moulins apparus en Italie au 9ème siècle sont cités en France en Normandie au 11ème siècle.
Utilisation des Moulins à foulons
Chamoiserie :
- Cette activité qui consiste à fabriquer un type de cuir très souple et de grande qualité, utilisé notamment en ganterie.
- À l'origine, on fabrique des cuirs à partir de peaux de chamois (4).
- Par la suite ces peaux étant rares et chères on utilise celles d'animaux d'élevage :
- -agneaux, chevreaux, bovins...
- Un tel cuir est appelé " peau chamoisée ".
- Les premières chamoiseries sont établies à Niort sous François 1er (1515-1547).
- Au 19ème siècle, on en compte une dizaine. Par contre avec la mécanisation les petits ateliers disparaissent au profit de 2 grandes sociétés : les entreprises Boinot et Rousseau.
- (4) C'est pourquoi l'équipe de football de Niort fondée par Th. Boinot porte encore aujourd'hui le nom de Chamois Niortais.
Tannage :
- Cette activité permet de transformer en cuir une peau débarrassée de ses poils et autres résidus grâce au tannin.
- Celui-ci provient du tan c'est à dire de l'écorce de chêne broyée dans un moulin.
Moulins du centre ville
Moulin du Pissot ou Vivier :
- Moulin à blé puis moulin à chamois avec foulons, il est racheté par la ville en 1822.
- La roue hydraulique actionne alors une pompe pour capter et refouler les eaux de la source du Vivier située à plus de 500m.
- En 1876 la roue hydraulique est remplacée par 2 turbines marquant ainsi la fin d'activité du moulin.
Le moulin de Bessac :
- Situé sur la rive droite de la Sèvre près de la piscine de Pré-Leroy, c'est d'abord un moulin à blé puis à peaux de chamois.
- Au 19ème siècle, il est transformé en moulin à foulons. En 1854, 6 roues à aubes actionnent 11 machines à fouler.
- À la fin du siècle, il abrite la plus importante foulonnerie de Niort.
- Il est loué par son propriétaire Ernest Noirot (5) à la société Boinot Frères jusqu'en 1913 année de son rachat par la ville de Niort. L'activité s'y est maintenue jusqu'en 1917.
- Dans les années 1970 les bâtiments sont détruits en partie par un incendie. Le bâtiment qui subsiste est transformé en maison d'habitation.
- (5) E. Noirot est également propriétaire de la chamoiserie voisine de Bessac. Elle cesse son activité en 1932. Elle devient une blanchisserie industrielle.
Moulin du Roy ou Petit Moulin:
- Situé sur un îlot à proximité des bains publics, c'est d'abord un moulin à blé puis un moulin à huile.
- Il est transformé en moulin à chamois avec foulons lors de la construction sur l'îlot voisin de l'usine Saint-Jean peu avant 1840.
- Son activité est stoppée par décision des autorités en 1867.
Le moulin du Roc :
- Attesté dès le Moyen-Âge, ce moulin à blé est transformé en fabrique de draps en 1526.
- Il devient moulin à chamois en 1691. C'est l'exemple type de moulin à foulons spécialisé dans la mise des peaux en huile.
- Durant la majeure partie du 19ème siècle, il appartient à la famille Giraudeau, père et fils.
- En 1852, il est équipé d'une chaudière à vapeur qui assure la continuité de la production même pendant les basses eaux de la Sèvre.
- Cette chaudière est installée dans un petit bâtiment en excroissance par rapport à la façade du moulin.
- En 1864, c'est une usine à huile gérée par MM. Clerc et Pellevoisin.
- L'abri de la chaudière est démoli en 1871, lorsque le bassin du port est comblé et qu’une partie du canal y donnant accès est voûtée pour permettre l'évacuation des eaux du moulin (6).
- En 1881 le moulin est racheté par la chamoiserie Rousseau puis par l'entreprise Boinot en 1910.
- Aujourd'hui sa façade est le dernier témoins de l'architecture industrielle du 19ème siècle dans le quartier.
- Il est intégré au centre d'action culturelle de Niort qui porte son nom.
- (6) Ces travaux sont réalisés en parallèle à la construction des ponts Main.
Le moulin Pas de Roues appelé aussi moulin Neuf :
- Il date du 17ème siècle. Il est moulin à blé, puis à papier. Reconstruit en 1828 à la suite d'un incendie, il devient :
- -une filature de laine,
- -une féculerie de pommes de terre pour Rimbaud, détruite par un incendie le 17 février 1848.
- -une brosserie pour Goureaud et Meiniel.
- En 1866, il est converti en moulin à foulons et en chamoiserie par Alfred Laydet.
- En 1881, il est racheté par Théophile Boinot.
- En 1902, il est abandonné d'autant que Boinot exploite aussi les moulins de Bouzon et de Comporté.
Le moulin de Bouzon :
- Il est situé sur la rive gauche de la Sèvre, rue du Bas Sablonnier.
- Il est construit pendant la 1ère moitié du 19ème siècle sur l'emplacement d'un ancien moulin à blé.
- Il appartient à Pierre Bouchet de Martigny également propriétaire du moulin voisin de Comporté.
- Avec une chute d'eau de 0,80m, trois roues à aubes actionnent 7 foulons.
- Entre 1854 et 1871, les foulons sont exploités par Gustave Faucher puis par Jean Nibouliès.
- En 1882, il appartient à Victor Emmanuel Noiret, puis en 1891 à Pierre Emile Noiret, il est alors loué à l’entreprise Boinot qui y installe un moteur électrique en 1921.
- Son activité cesse durant la seconde guerre mondiale.
- Il abrite actuellement des logements.
- Construit dans la 1ère moitié du 19ème siècle sur la rive gauche de la Sèvre, Il est la propriété de Bouchet de Martigny.
- En 1854, il est loué à Pingenaud qui lui annexe une huilerie.
- Dans les années 1880, les deux bâtiments sont vendus à Victor Emmanuel Noiret.
- Le moulin est transformé en minoterie vers 1885.
- Au tournant du siècle cette activité cesse au profit de foulons et d'une chamoiserie.
- L'usine est alors loué à la société Th. Boinot et ce jusque dans les années 1950 où cesse toute activité.
- En 1980, l'usine est rachetée par la ville de Niort. Les bâtiments sont aujourd'hui désaffectés.
- Plusieurs projets de réhabilitation sont envisagés. Aucun n'a pour l'instant abouti.
Anecdote de 1717, concernant les moulins du centre ville
Les réparations importantes faites au Port fluvial de Niort en 1717, obligèrent les Moulins Neuf et du Roc à baisser leurs vannes pendant les travaux.
- Les Moulins de Bouzon et Comporté ne travaillant pas plus que d’ordinaire, firent " barboter " les moulins situés en aval.
- Le 5 juillet 1717, Clément Bouchet, meunier du moulin du Château, Jean Chartier, meunier du moulin du Milieu et Toussaint Morisset du Petit Moulin, déposent une plainte.
- Cette plainte ordonne :
- - au meunier du Moulin de Bouzon de laisser ouverte la moitié de sa vanne,
- - au meunier du Moulin de Comporté dont la vanne était moins grande, de la laisser entièrement libre.
Moulin de Saint-Liguaire
Moulin Neuf, moulin de l'entreprise Rousseau :
- Il est situé sur la rive gauche de la Sèvre à proximité de l'écluse de La Roussille.
- C'est un ancien moulin à blé possédait 3 paires de meules en 1897, il était exploité par M. Métayer.
- Il fut transformé en moulin à foulons par Jean-Philippe Delezay en 1900.
- Le bâtiment est partiellement reconstruit en 1905. Il est racheté en 1909 par la veuve de l'industriel niortais Aristide Rousseau (1848-1901) installé depuis 1882 au Moulin du Roc et en 1887 dans l’usine de la Maison Carrée.
- Deux roues à aubes font fonctionner 2 rangées de foulons à maillets dont certains datent du 19ème siècle et pour d'autres de 1920.
- À partir des années 1950, ces foulons fonctionnent grâce à un moteur électrique.
- Le Moulin est laissé à l'abandon. Les foulons sont aujourd'hui encore en place malgré la fermeture de l'entreprise en 1981.
Conclusion
Aujourd'hui plusieurs de ces moulins à foulons ont disparu :
- -Les moulins du Roy, du Château, du Milieu, du Roc, le moulin Neuf.
- En 1884, Delphin Gilbert est propriétaire du moulin du Château, il est exploité par M Sicot.
- En 1909, les frères Arthur Bounault et Prosper Bouneault sont propriétaires du moulin du Château.
- D'autres ont été transformés en habitation comme le moulin de Bessac et celui de Bouzon à Niort.
- Le moulin de comporté est à l'abandon mais fait l'objet de plusieurs projets...
- Seul celui de l'usine Rousseau à Saint-Liguaire est resté en l'état.
- Dans un même bâtiment, au rez de chaussée, on peut voir l'emplacement des 2 roues à aubes et les 2 rangées de foulons (Voir photo).
- À l'étage, on découvre les anciens séchoirs avec leur abat-vent.
- " Il serait donc judicieux d'aider à la restauration de ce moulin dernier exemple du patrimoine industriel de la chamoiserie qui par le passé a fait la prospérité de la ville... "
- On peut découvrir une vidéo de 1968 sur les chamoiseries de Niort : " La peauserie de Niort " : lien INA : Peauserie
Sources
- Quai des Chamoiseurs, Quai de la Regratterie
- Le Mémorial des Deux-Sèvres février 1864, 1878, 1897, 1909, 1936.
- Archives départementales des Deux-Sèvres : cadastre ; contribution des patentes :
- - Carnets des établissements industriels, contrôle de Niort.
- Histoire de Niort des origines à nos jours. Projet éditions, 1987 .
- Les Deux-Sèvres : monographie économique : agriculture, commerce industrie ; Loez Alexandre. Niort 1926.
- Sept cent ans d'histoire : traditions et actualité de la chamoiserie et de la ganterie à Niort.
- Musée du Donjon. Niort 1983.
- – Le patrimoine industriel du Poitou-Charentes. Enquête de 2000
- – L'inventaire du patrimoine culturel du Poitou-Charentes 2007-2012.
- – Vidéo : Le moulin de comporté à Niort ; des idées pour l'avenir ; NR 2015.
- – Vidéo : Une vie, une usine ; chamoiseur et gantière chez Rousseau à Niort. 2018
- Niort. Septembre 2019. Texte : Maurice Vinck. Mise en page et illustration : Jean-Michel Dallet.