Paul Moreau (FFI) : Différence entre versions
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− | Paul Louis Moreau est né le 10 décembre 1877 à Granzay. | + | ==Biographie simplifiée== |
+ | [[Fichier:Rue Espingole 1940.jpg|300px|right|thumb|Rue de L'Espingole vers 1940.]] | ||
+ | :Paul Louis Moreau est '''né le 10 décembre 1877 à Granzay.''' | ||
+ | :Son père Victor Moreau est journalier et réside avec sa mère au moulin de Jules à Granzay. | ||
+ | :Il se marie en 1903 avec Marie-Thérèze Lamberton à Niort. '''Il est alors agent d’assurance.''' | ||
+ | :Il va habiter au N° 4, Bis de la rue de la Motte du Pin. | ||
+ | :(Aujourd’hui : rue du Maréchal Largeau), maison détruite à ce jour. | ||
− | Son | + | ==Son début de carrière dans la marine== |
+ | :À l’âge de 18 ans, en 1895, il est engagé volontaire dans la marine à Rochefort. | ||
+ | :En 1897, il est d’abord '''apprenti marin, puis Matelot''' en 1897 et enfin devient '''Maître d’hôtel dans la marine.''' | ||
+ | :Il quitte la marine en 1901 après quelques voyages en Argentine et autres Colonies. | ||
+ | ==Ses démêlés avec la justice== | ||
+ | :En 1909, revenu à la vie civile, Louis-Paul Moreau, installe à Niort un commerce de vins et spiritueux. | ||
+ | :En 1912, il est négociant au 32 bis rue Chabaudy. | ||
+ | :Ses affaires professionnelles, mal menées, vont vite le conduire à la faillite et en 1911 il fit de nombreux crédits. | ||
+ | :En 1912, ses créanciers découvrent l’existence d’un passif de 120 000 francs. | ||
+ | :Se voyant poursuivi au tribunal pour banqueroute, il décide de fuir en République Argentine. | ||
+ | :Le 18 juin 1913, la Cour d’Assise des Deux-Sèvres le condamne par contumace à 8 années de travaux forcés et 3000 francs d’amende. | ||
+ | :En 1914, quand éclate la première guerre mondiale, Louis-Paul Moreau est depuis 2 années réfugié en Amérique du Sud. | ||
+ | :Bien que classé dans le service auxiliaire, le condamné de Niort, se sentant déserteur, n’écoutant que son patriotisme, revient en France et s’enrôle comme simple soldat. | ||
+ | :Par sa bonne conduite au front et par souci de se racheter, il fut blessé 2 fois, il va rencontrer la clémence des tribunaux.. | ||
+ | :Après sa démobilisation, il se constitue prisonnier. | ||
+ | :Par un nouveau jugement de la Cour d’Assise des Deux-Sèvres du 3 octobre 1919, défendu par Maître Paul Mercier, il est acquitté. | ||
+ | ==Sa mobilisation durant la première Guerre Mondiale== | ||
+ | :Il a alors 37 ans quand éclate la première guerre mondiale 14/18. | ||
+ | :Mobilisé, il est '''blessé à Verdun le 7 janvier 1916 puis le 5 février 1919 à Singolin''' en Allemagne. | ||
+ | :il obtint la croix de guerre et la médaille militaire il est démobilisé le 29 août 1919. | ||
+ | :Revenu à la vie civile, on le retrouve à Sainte-Pezenne où '''il exploite longtemps des fours à chaux et vend des matériaux.''' | ||
− | Il | + | ==Ses activités pendant la guerre 39/45== |
+ | :Il a 62 ans quand éclate la seconde guerre mondiale. | ||
+ | :Il va alors « reprendre du service » au '''centre d’accueil des prisonniers et déportés de la gare de Niort'''. | ||
+ | :Il est domicilié alors au N°12 de la rue Gambetta. | ||
+ | :Il appartient au groupe de sécurité « ''Bernard'' », puis au F.F.I. dont le chef en 1944 est [[PROUST Edmond|Edmond Proust]]. | ||
+ | :'''Il fonde discrètement et réellement une « agence de désertion »''' destinée aux Alsaciens-Lorrains. | ||
+ | :Ceux-ci sont pour la plupart engagés de force dans l’armée Allemande. | ||
+ | :Il fournit alors des vêtements civils et organise la fuite à l’aide d’un interprète aux Alsaciens volontaires. | ||
+ | :Le premier Alsacien déserte avec son aide en octobre 1940, puis gagne l’Espagne. | ||
+ | :'''Paul Moreau aide dix autres déserteurs restés « Français de cœur » à quitter les rangs allemands.''' | ||
+ | :Ceci n’est possible qu’avec des complicités dans les rangs allemands. | ||
+ | [[Fichier:accident CO 1946.jpg|200px|right|thumb|CO 1946]] | ||
+ | ==Anecdote== | ||
+ | :Lors de la dernière intervention, Paul Moreau est à la pêche dans la Sèvre à Sciecq. | ||
+ | :Le volontaire à la désertion se présente et dit la phrase magique : « ''Ètes-vous collaborateur ?'' ». | ||
+ | :Notre agent de désertion est alors embarrassé devant ses amis pêcheurs par ce manque de discrétion. | ||
+ | :Le 11ème déserteur quitta les rangs de la Wehrmacht sans éveiller quelques soupçons... | ||
+ | :Les témoins de Sciecq surent se taire et Paul Moreau ne fut jamais inquiété par la Gestapo. | ||
− | + | ==Disparition tragique== | |
− | + | :Il avait vécu des moments difficiles et dangereux pendant ces deux guerres mondiales. | |
− | + | :C’est en descendant de son vélo qu’il va connaître une fin tragique. | |
− | + | :Venant des [[Ponts Main]], il arrive à vélo, rue de l’Espingole vers midi ce '''vendredi 11 janvier 1946.''' | |
− | + | :Il descend de son vélo pour monter à pied la pente qui commence Quai de la Préfecture. | |
− | + | :Au moment où il met pied à terre, il est heurté par un camion-citerne de la Maison Christol. | |
− | + | :Paul Moreau, blessé gravement à la tête, décède le même jour à l’hôpital. | |
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− | ==Disparition tragique | ||
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− | Il avait vécu des moments difficiles et dangereux pendant ces deux guerres mondiales. | ||
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− | C’est en descendant de son vélo qu’il va connaître une fin tragique. | ||
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− | Venant des Ponts Main, il arrive à vélo, rue de l’Espingole vers midi ce vendredi 11 janvier 1946. | ||
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− | Il descend de son vélo pour monter à pied la pente qui commence Quai de la Préfecture. | ||
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− | Au moment où il met pied à terre, il est | ||
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− | Paul Moreau, blessé gravement à la tête, décède le même jour à l’hôpital. | ||
==Sources== | ==Sources== | ||
− | + | :*Mémorial des Deux-Sèvres 1912, 1919. | |
− | *Nouvelle République 1945 | + | :*Nouvelle République 1945 |
− | *Courrier de l'Ouest 1946 | + | :*Courrier de l'Ouest 1946 |
− | *Archives 79. | + | :*Archives 79. |
+ | :*Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet. |
Version actuelle en date du 4 août 2023 à 16:52
Sommaire
Biographie simplifiée
- Paul Louis Moreau est né le 10 décembre 1877 à Granzay.
- Son père Victor Moreau est journalier et réside avec sa mère au moulin de Jules à Granzay.
- Il se marie en 1903 avec Marie-Thérèze Lamberton à Niort. Il est alors agent d’assurance.
- Il va habiter au N° 4, Bis de la rue de la Motte du Pin.
- (Aujourd’hui : rue du Maréchal Largeau), maison détruite à ce jour.
Son début de carrière dans la marine
- À l’âge de 18 ans, en 1895, il est engagé volontaire dans la marine à Rochefort.
- En 1897, il est d’abord apprenti marin, puis Matelot en 1897 et enfin devient Maître d’hôtel dans la marine.
- Il quitte la marine en 1901 après quelques voyages en Argentine et autres Colonies.
Ses démêlés avec la justice
- En 1909, revenu à la vie civile, Louis-Paul Moreau, installe à Niort un commerce de vins et spiritueux.
- En 1912, il est négociant au 32 bis rue Chabaudy.
- Ses affaires professionnelles, mal menées, vont vite le conduire à la faillite et en 1911 il fit de nombreux crédits.
- En 1912, ses créanciers découvrent l’existence d’un passif de 120 000 francs.
- Se voyant poursuivi au tribunal pour banqueroute, il décide de fuir en République Argentine.
- Le 18 juin 1913, la Cour d’Assise des Deux-Sèvres le condamne par contumace à 8 années de travaux forcés et 3000 francs d’amende.
- En 1914, quand éclate la première guerre mondiale, Louis-Paul Moreau est depuis 2 années réfugié en Amérique du Sud.
- Bien que classé dans le service auxiliaire, le condamné de Niort, se sentant déserteur, n’écoutant que son patriotisme, revient en France et s’enrôle comme simple soldat.
- Par sa bonne conduite au front et par souci de se racheter, il fut blessé 2 fois, il va rencontrer la clémence des tribunaux..
- Après sa démobilisation, il se constitue prisonnier.
- Par un nouveau jugement de la Cour d’Assise des Deux-Sèvres du 3 octobre 1919, défendu par Maître Paul Mercier, il est acquitté.
Sa mobilisation durant la première Guerre Mondiale
- Il a alors 37 ans quand éclate la première guerre mondiale 14/18.
- Mobilisé, il est blessé à Verdun le 7 janvier 1916 puis le 5 février 1919 à Singolin en Allemagne.
- il obtint la croix de guerre et la médaille militaire il est démobilisé le 29 août 1919.
- Revenu à la vie civile, on le retrouve à Sainte-Pezenne où il exploite longtemps des fours à chaux et vend des matériaux.
Ses activités pendant la guerre 39/45
- Il a 62 ans quand éclate la seconde guerre mondiale.
- Il va alors « reprendre du service » au centre d’accueil des prisonniers et déportés de la gare de Niort.
- Il est domicilié alors au N°12 de la rue Gambetta.
- Il appartient au groupe de sécurité « Bernard », puis au F.F.I. dont le chef en 1944 est Edmond Proust.
- Il fonde discrètement et réellement une « agence de désertion » destinée aux Alsaciens-Lorrains.
- Ceux-ci sont pour la plupart engagés de force dans l’armée Allemande.
- Il fournit alors des vêtements civils et organise la fuite à l’aide d’un interprète aux Alsaciens volontaires.
- Le premier Alsacien déserte avec son aide en octobre 1940, puis gagne l’Espagne.
- Paul Moreau aide dix autres déserteurs restés « Français de cœur » à quitter les rangs allemands.
- Ceci n’est possible qu’avec des complicités dans les rangs allemands.
Anecdote
- Lors de la dernière intervention, Paul Moreau est à la pêche dans la Sèvre à Sciecq.
- Le volontaire à la désertion se présente et dit la phrase magique : « Ètes-vous collaborateur ? ».
- Notre agent de désertion est alors embarrassé devant ses amis pêcheurs par ce manque de discrétion.
- Le 11ème déserteur quitta les rangs de la Wehrmacht sans éveiller quelques soupçons...
- Les témoins de Sciecq surent se taire et Paul Moreau ne fut jamais inquiété par la Gestapo.
Disparition tragique
- Il avait vécu des moments difficiles et dangereux pendant ces deux guerres mondiales.
- C’est en descendant de son vélo qu’il va connaître une fin tragique.
- Venant des Ponts Main, il arrive à vélo, rue de l’Espingole vers midi ce vendredi 11 janvier 1946.
- Il descend de son vélo pour monter à pied la pente qui commence Quai de la Préfecture.
- Au moment où il met pied à terre, il est heurté par un camion-citerne de la Maison Christol.
- Paul Moreau, blessé gravement à la tête, décède le même jour à l’hôpital.
Sources
- Mémorial des Deux-Sèvres 1912, 1919.
- Nouvelle République 1945
- Courrier de l'Ouest 1946
- Archives 79.
- Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel Dallet.