Martin-Bastard (1835-1915) : un maire niortais républicain

Article en construction 1er janvier 2024

Origine du nom Martin-Bastard

Portrait de Ludovic Martin-Bastard (Tab).

Le 22 août 1835 naît, à Niort, Ludovic, Anatole Martin fils de Philippe Martin âgé de 36 ans fabricant d'huiles pour la chamoiserie et de Marguerite Morisset.

Le 20 novembre 1860, Ludovic Martin âgé de 25 ans, commis marchand, se marie avec Justine-Nathalie Bastard, née à Niort, âgée de 20 ans.

Elle est la fille d'André Bastard, chamoiseur et de Marie Barraud sans profession.

Un contrat de mariage est signé le 18 novembre 1860 devant Maître Maudet, notaire.

Suite à leur mariage, Ludovic et Justine prennent le nom Martin-Bastard associant ainsi leurs 2 patrimoines.

De cette union naîtront 3 fils : Edmond en 1861, André en 1863 et Paul en 1866.

Selon l'annuaire des Deux-Sèvres de 1901, les Martin-Bastard possèdent 2 entreprises :

- l'une au 76 boulevard Main pour l'apprêt des peaux,

- l'autre au 60 quai de la Regratterie pour la chamoiserie et la fabrication d'huiles

Le couple possède une maison au 10, rue de l'Espingole. (1)

Justine Martin-Bastrad décède à l'âge de 70 ans le 23 décembre 1910.

Ludovic Martin-Bastard décède à l'âge de 80 ans le 24 octobre 1915.

Propriétaire, il est chevalier de la légion d'honneur, ancien maire de Niort et conseiller général des Deux-Sèvres.

(1) Aujourd'hui, Hôtel Particulier « La Chamoiserie ».

Affiche inauguration Hôtel de Ville (1901.)

Une vie politique locale où s'affrontent Conservateurs et républicains

La vie politique locale se caractérise par la confrontation entre conservateurs et républicains en particulier sur la question scolaire.

Les conservateurs sont soutenus par des mouvements catholiques et une presse virulente avec « la Revue de l'Ouest » et « La Croix des Deux-Sèvres » animée par l'abbé Joseph Goulet vicaire de Saint-André de Niort.

Les républicains sont divisés entre Opportunistes (2) soutenus par « Le Mémorial de l'ouest » et Radicaux (3) soutenus par « Le Républicain de l'Ouest ».

À l'extrême gauche se situe les socialistes, force politique encore minoritaire à Niort.

Les Opportunistes sont des républicains modérés qui estiment nécessaire en politique de tenir compte des circonstances.

Ils dominent la vie politique française de 1879 à 1895 avec Grévy, Gambetta, Ferry...

Les Radicaux revendiquent l'héritage de 1789 et en particulier la défense du suffrage universel, de la propriété privée, de la laïcité de l'enseignement.

Parmi eux dans les années 1870 à Niort on trouve Joseph Maichain, Amable Ricard et Martin-Bastard.

Martin-Bastard, un Maire Radical

Aux élections municipales de novembre 1874, Martin-Bastard est élu conseiller pour la première fois sur la liste des Républicains.

Il est réélu sans discontinuité jusqu'en 1912 soit pendant 38 ans.

Une nouvelle loi électorale est votée le 5 avril 1884 (4) provoquant de nouvelles élections en novembre.

À Niort, les Républicains l'emportent nettement. La liste Conservatrice n'a aucun élu.

Martin-Bastard est élu maire par 24 voix sur 26 votants.

Une grande période de stabilité va alors caractériser l'administration municipale.

Quatre maires seulement se succèdent de 1884 à 1914 dont Martin-Bastard qui occupe le poste pendant 24 ans : de 1884 à 1904 puis de 1908 à 1912.

Cette loi instaure l'élection des maires par les conseillers municipaux élus au suffrage universel dans toutes les communes sauf à Paris.

D'importantes réalisations qui dessinent le paysage niortais

Ces réalisations votées et financées lors des différents mandats de Martin-Bastard sont l'œuvre de Georges Lasseron (1844-1932) nommé en 1883 architecte municipal.

Georges Lasseron dirige la construction de plusieurs établissements scolaires en s'inspirant des plans standards du ministère de l'instruction publique :

- en 1884, l'école maternelle du Quartier sud,

- en 1885, l'école primaire des 3 Coigneaux (aujourd'hui Paul Bert),

- en 1889, l'école primaire du Port (aujourd'hui Jean Macé),

- en 1900, l'école maternelle du quartier Nord (aujourd'hui Jules Ferry),

- en 1900, l'école primaire de garçon du quartier sud à l'emplacement de l'ancien Oratoire.

L’école Michelet a depuis, quitté cet emplacement de l’ancien Oratoire pour l’ancienne bibliothèque et l’ancien musée Arthur Taire.

Martin-Bastard intervient également dans le choix de plusieurs Maisons d'Octroi qui gèrent les droits prélevés aux grilles d'entrée de la ville sur de très nombreux produits.

En 1891, il obtient l'appel d'offre de l'escalier de La Brèche et de son Jardin agrémenté de sculptures, de plans d'eau et d'un kiosque.

La Brèche devient alors un lieu de rencontres, de détente, de festivités.

Il propose les plans et les devis de la future École de Dessin inaugurée en mai 1892 (l'actuel Pavillon Grapelli) située à l'angle des rues du musée et de l'oratoire.

Il est également à l'origine des Bains Douches municipaux pour améliorer l'hygiène publique (il estime les besoins à 3000 bains par an).

À cet effet, la ville acquiert les anciens locaux de la Loge Maçonnique, rue Basse.

Il est aussi partie prenante dans la bataille pour la construction d'un lycée de Jeunes Filles voulue par Martin-Bastard.

Dans un 1er temps, en 1884 la ville rachète l'Hôtel de La Roulière, transformé en 1886, en lycée de jeunes filles.

Cette rénovation ne résout pas le problème d'un internat dans ce quartier de la Colline Saint-André à forte densité de population.

De plus le sujet de l'instruction de filles est dénoncé par l'opposition conservatrice qui manifeste : « sa répugnance pour le lycée de jeunes filles et plus particulièrement l'internat qu'on veut y fonder ».

Cependant le projet d'un nouveau lycée de jeunes filles présenté par Lasseron au conseil municipal le 28 septembre 1892 est validé.

Le nouvel Hôtel de ville

En 1892, le maire Martin-Bastard envisage la construction d'un nouvel édifice digne du chef-lieu du département.

L'architecte Lasseron créée un bâtiment de style renaissance, inspiré de l'Hôtel de Ville de Paris.

Il est construit sur l'emplacement de l'ancien collège de l'Oratoire.

La 1ère pierre est posée en Avril 1897. Il est inauguré en mai 1901.

La place devant la mairie prend d'abord le nom de Place de l'Hôtel de Ville puis en 1930 le nom de Place Martin-Bastard pour rappeler le souvenir du maire qui l'a fait construire.

L'actuel programme de requalification

Ce programme englobe un vaste périmètre comprenant la place Martin-Bastard, les rues Du Guesclin, de la préfecture, de l'Hôtel de Ville, Émile Bèche, du Palais et la Place des Tribunaux.

Les rues Jules Sandeau et de l'ancien Oratoire ont été précédemment aménagées lors de l'aménagement de l'espace niortais.

Les rues Du Guesclin et de la préfecture ont été les 1ères restaurées en 2023.

La place Martin-Bastard se situe dans le périmètre historique du château, au niveau des anciens fossés dont les plus vieux vestiges remontent au 12ème siècle.

C'est pourquoi des fouilles archéologiques ont débutées le 1er février 2023 pour s'achever à l'automne de la même année.

L'aménagement de la rue de l'Hôtel de ville et de la place doit alors débuter.

Pour la place, il se caractérise par une importante végétalisation avec 50 arbres plantés et 1210 m² de massifs et d'espaces engazonnés.

Deux cuves enterrées de 40 m3 récupéreront l'eau des toitures pour l'arrosage.

Des allées pavées mettent en valeur l'Hôtel de Ville et dégage la perspective vers l'Hôtel de la Préfecture construit de 1828 à 1830.

Pour terminer le chantier en 2024 la rue Émile Bèche et la Place des Tribunaux seront aménagées et en 2025, la rue du Palais.

Sources

• Archives départementales
• Articles de La Nouvelle République, du Courrier de l'Ouest
• Vivre à Niort, p8
• Articles internet : Wikiniort, Wikipedia
• « Niort de 1848 à 1914 » André Texier
• « Histoire de Niort » sous la direction de Daniel Courant
• Texte : Maurice Vinck
• Mise en page et illustration : Jean-Michel Dallet